Sur les traces d’Eugène Sue dans Paris

Il est temps de parler d’Eugène Sue ! Je ne vais cependant pas m’étendre en détail sur sa vie, même si je l’évoquerai dans pas mal d’articles de ce site, car on trouve sa biographie sur Wikipedia ou, mieux, sur le site de Gallica/BNF (article particulièrement pertinent de Roger Musnik). On peut – tout aussi évidemment ! – regarder avec intérêt l’épisode 40 de notre série où Eugène Sue en personne ! décline très brièvement sa biographie. Quant à ses talents d’écrivain, j’en ai parlé dans les articles précédents.

Je l’aime beaucoup, Eugène Sue ! Sa sincérité et son engagement font partie de mes enthousiasmes à réaliser cette série : tout au long de l’écriture au long cours de son feuilleton (seize mois de publications quasi journalières, de juillet 1842 à octobre 1843). Comme “les barbares » dont il parle dans les premières lignes des Mystères de Paris, il s’humanise, se nuance, sa conscience sociale et politique s’affirme au cours de l’écriture, mâtinée cependant de moralisme et d’idées vieillottes d’affrontements du bien et du mal très 19ème siècle, que Karl Marx raillera, comme on l’a déjà évoqué.

Jean-Louis Bory, dans la chouette biographie (peut-être un brin ampoulée stylistiquement) intitulée Eugène Sue, dandy mais socialiste (1973), décrit la rencontre de l’ouvrier syndicaliste Fugères avec l’écrivain en 1841. Ce fut comme une révélation !  Eugène Sue enquêta alors dans bas-fonds et prit bientôt fait et cause pour le peuple (de Paris ou d’ailleurs).

Plus tard, pendant et après la publication du feuilleton, et bien au-delà d’un engagement charitable en vogue chez les bourgeois de cette époque, Eugène Sue fit preuve d’une grande générosité envers les nombreux lecteurs qui, l’identifiant au preux Rodolphe, lui demandaient de l’aide.

Et puis, quel conteur, quelle imagination, quelle fantaisie aussi !… J’en ai déjà parlé et je continuerai.

C’est assez anecdotique mais il se trouve que j’habite non loin de la rue Eugène Sue dans le 18ème, et que celle-ci me mène vers la bibliothèque du quartier. C’est là, il y a de nombreuses années, que j’ai emprunté pour la première fois Les Mystères de Paris. Le livre n’était pas en rayon (les éditions en poche dont j’ai parlé dans Les Sources – Quarto-Gallimard, Bouquins-Robert Laffont et tout récemment 10-18 en 4 volumes – n’existaient pas encore) et il a fallu que la bibliothécaire aille dans les réserves pour me dénicher une ancienne version, en quatre volumes, d’une des dernières rééditions de la fameuse édition Charles Gosselin de fin 1843 que j’évoquerai ici. Merveille ! Celle-ci était illustrée de toutes les gravures d’origine et c’est ainsi qu’est née l’idée de cette série en animation de gravures ! (En troisième de couverture, il y avait encore une petite fiche cartonnée pour tamponner, à l’ancienne, la date de retour du livre. Genre “t’es un ancien si tu as connu ça !”)

A part cette rue du 18ème arrondissement, que voici un jour triste…

… les traces d’Eugène Sue dans Paris ne sont pas bien nombreuses (ses divers domiciles ont été détruits par Haussmann… Grrrr… on va en parler… !

Il y a donc, dans le 18ème, la modeste rue Eugène Sue (quoique pourvue d’une bonne pizzeria et d’un bar à huitre pas cher). Je lis, dans le passionnant Dictionnaire Historique des Rues de Paris de Jacques Hillairet, que cette rue fut ouverte en 1882. En effet, après l’agrandissement de Paris en 1860 aux communes alentour (dont Montmartre, donc – voir les différents articles sur les enceintes de Paris : ici ou , ou encore et ), de très nombreuses rues sont créées ; celles-ci sont nommées selon l’idéologie du moment. Je ne suis pas historienne mais, renseignements pris, on est sous la 3ème République, pendant le gouvernement (1879-1985) de Jules Ferry, période de gauche républicaine, d’amnistie des Communards, de laïcisation de l’école, etc. De nombreuses rues proches de la rue Eugène Sue – rue Ferdinand Flocon (qui fut un ami cher et un fidèle soutien d’Eugène Sue, voir cette intéressante notice de Lise Sabourin), boulevard Barbès, place Jules Joffrin, etc. – en témoignent également.

C’est aussi en cette année 1882 que se termine la reconstruction de l’Hôtel de Ville (brûlé pendant la Commune) où l’on trouve, en levant la tête… une statue, un peu sale !, d’Eugène Sue…

… nichée dans sa façade, bien placée pour le coup au coin de la rue de Rivoli et de l’esplanade, au-dessus de celle d’Eugène Viollet-le-Duc (encore un Eugène !) qui rénova Notre-Dame, comme chacun sait désormais depuis l’incendie (étape 3 de notre Parcours ci-dessous).

PS : Pour les amateurs, ce site intéressant répertorie tous les autres domiciles disparus d’Eugène Sue.

Crédits photographiques : Capture d’écran épisode 40 – Photos VP de la rue Eugène Sue et de la statue d’Eugène Sue

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