Amopix & La Curieuse présentent

Adapté par Véronique Puybaret
et Matthieu Dubois

Les flâneurs de Paris

Flâner dans Paris, c’est évidemment à pied !

Paradoxalement, je commencerai avec quelques infos collectées sur les déplacements « rapides » dans Les Mystères de Paris. Pour l’animation de la série, nous avons utilisé tout le temps la même petite mignonne calèche…

… mais les engins hippomobiles (fiacres, carrosses, calèches…) étaient nombreux et divers à l’époque, comme on le voit dans cette jolie illustration issue de “Paris par les images d’Épinal” aux éditions du Chêne (et les textes de Dominique Foufelle sont souvent plutôt intéressants).

Grâce ce lien vers ce site un peu trop sponsorisé, Paris Zigzag, https://www.pariszigzag.fr/insolite/histoire-insolite-paris/utilite-chasse-roues-paris on est content de découvrir ce qu’on appelait des « chasse-roues » , et de s’apercevoir qu’il en existe encore beaucoup aujourd’hui dans Paris. On peut lire aussi un article sur ce sujet dans ce toujours intéressant blog : https://eauterrefeuair.wordpress.com/2016/10/24/plots-en-pierre/

Toujours dans le chapitre « déplacements », j’ai déjà parlé de l’apparition du chemin de fer dans Paris et des gares qu’on appelait alors des embarcadères. Cette vidéo sympathique de la Voix des Lieux est tout à fait utile : https://www.youtube.com/watch?v=GOmnJhI-7bs.

Quant à cet article sympathique de la revue Herodote, il vous dira tout sur la première ligne francilienne, en 1837 : Le Pecq/Paris.
Bon, voilà, c’est un peu maigre et en vrac pour les déplacements. Mais, dans Paris, les gens vivaient et travaillaient dans leurs quartiers respectifs qui avaient même parfois des accents différents comme l’explique cette trouvaille géniale sur France Culture.

Mais revenons à notre sujet sur les flâneurs de Paris. Je me réfère une dernière fois, et pour lui rendre encore hommage, au livre d’Eric Hazan “L’invention de Paris” pour évoquer “Les flâneurs” de Paris qui est le titre de l’un des chapitres de son ouvrage. Hazan y évoque un certain nombre de flâneurs de Paris, que j’aime également : Rousseau, Restif de la Bretonne (jamais lu mais bien tentée maintenant), Nerval, Villiers, Huysmans, Zola, Apollinaire, Breton…

Mais ce chapitre est l’occasion pour Hazan d’écrire de très belles pages sur Baudelaire mais aussi sur Balzac qui fit de Paris la capitale des écrivains en dressant une géographie à la fois réaliste et imaginaire, en en faisant un personnage. Hazan écrit : “La ville, lorsque l’action d’un livre s’y trouvait située, était jusque-là un décor abstrait ou stylisé : on chercherait en vain des précisions sur des lieux (…). Désormais, dans des rues dénommées et décrites (…) peuvent se croiser une mendiante rousse et une comtesse adultère, un grand chirurgien, un porteur d’eau auvergnat, un chiffonnier, un futur ministre, un policier…” etc.

J’ai assez peu parlé de Balzac dans tous mes articles. Pas fière, je dois avouer que, mis à part “Le Père Goriot” que j’adore, je ne suis pas une grande fan de cet écrivain. J’ai détesté, au lycée, « Le Lys dans la Vallée » et j’ai d’assez nombreux manquements ou d’ennuis, quand je veux rattraper mes lacunes.

Il faut dire aussi que Sue et Balzac furent quelque temps amis mais Balzac méprisa Sue assez rapidement. Et ça, c’est vraiment pas sympa ! (Flaubert fit de même mais, pas à une contradiction près, j’aime Flaubert quand même !). Cet article pointu donnera aux amateurs un aperçu des relations complexes entre Balzac et Suehttps://www.cairn.info/revue-l-annee-balzacienne-2010-1-page-201.htm

Dans mon panthéon des flâneurs à moi, je mets moi aussi Baudelaire, Hugo, Rilke, Proust, Aragon, Breton, Perec et plus récemment Despentes et son “Vernon Subutex » qui se lira peut-être demain avec autant de curiosité et de plaisir que Les Mystères de Paris aujourd’hui. Et il y a aussi les cinéastes parisiens de documentaires ou de fictions, distinction qui m’a toujours paru inutile tant les films de fiction prennent au fil du temps une valeur documentaire.

Je ne pense pas qu’on puisse traiter Eugène Sue à proprement parler de flâneur, lui qui dut vivre souvent hors de Paris, mais Eric Hazan souligne combien il fut lui aussi précurseur : “L’extraordinaire nouveauté qui consiste à prendre les noeuds de ce réseau (parisien) pour construire le thème des personnages va devenir l’une des marques du récit français, d’Eugène Sue à Georges Simenon, avec comme étapes illustres “Les Misérables » et les romans parisiens de Zola”.

Ce sont ces flâneurs qui m’ont aidé à aimer tant Paris et qui continuent à me séduire. Autre flâneur récent – sans savoir si ce livre restera une référence sur le long terme : je me suis bien amusée à lire tout récemment, aux éditions de Minuit, le nouvel ouvrage de Thomas Clerc Paris, Musée du XXIe Siècle qui est un sacré pavé, à la fois plein de contraintes stylistiques et de libertés réjouissantes, sur le 18ème arrondissement de Paris (et une référence, en tout cas dans le titre, à un autre grand flâneur du XIXe siècle, Walter Benjamin et ses articles intitulés Paris, capitale du XIXe siècle).

Et puisque j’en suis à des choses récentes et que l’union fait la force, je signale l’agréable et inventive comédie musicale Les Mystères de Paris qui se joue actuellement au théâtre de la Huchette. L’adaptation d’Eric Chantelauze est assez libre par rapport au roman mais on y retrouve bien à la fois le mélodrame et la fantaisie d’Eugène Sue. Le mode comédie musicale est adéquat puisqu’il permet de décliner l’oeuvre sous forme de courtes et amusantes scènettes. Les comédiens sont bons, assez bons chanteurs, la musique est agréable et la mise en scène très astucieuse. Une performance sans prétention, je recommande. Et je ne suis pas la seule puisque cette excellente revue en fait de même : https://regardencoulisse.com/les-mysteres-de-paris/

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