Toujours instructif et plaisant, je vous propose un petit comparatif de l’Ile de la Cité en 1840 et aujourd’hui :


Grosso modo, toute la partie centrale a été détruite pour la construction de la préfecture de police, de la chambre de commerce et du nouvel Hôtel-Dieu. Sur une partie de l’esplanade existait l’ancien hôpital Hôtel-Dieu (qui s’étendait même sur la rive gauche avec une passerelle qui n’existe plus).

En face, il y avait l’hôpital des Enfants-Trouvés, construit en 1830.
Pour en savoir plus, il faut lire cet article de Laurent Gloagen du site canadien « Vergue » qui est très instructif et bien illustré.
Selon les instructions d’Haussmann, ce grand bâtiment vétuste (où il ne faisait sans doute pas bon d’y être soigné ! voir aussi cet article) fut démoli en 1877/78. L’Hôtel-Dieu fut reconstruit de l’autre côté du parvis, dans le style, pas désagréable, des infrastructures de santé de l’époque : promenades intérieures, arcades, cours… comme on le voit ci-dessous :
Tout cela est assez connu et documenté grâce aux photographies de Marville, comme déjà dit, ou d’autres photographes (rappelons que l’on date communément la première photographie en 1838 et j’en parle plus amplement dans cet article).
Je conseille aussi vivement de visiter la Crypte archéologique de l’île de la Cité pour découvrir l’histoire de l’île depuis le premier port romain. Très passionnant.
Avant les travaux actuels dus à la réfection puis l’incendie de Notre-Dame, étaient par ailleurs matérialisés sur l’esplanade, grâce à des pavés plus clairs, les anciennes rues et les anciennes églises. C’était assez joli.
Néanmoins, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je me suis toujours demandé pourquoi cette immense place n’avait aucun intérêt ; certes, heureusement, on y a enlevé les parkings et les voitures ne roulent plus juste devant le chevet, comme on le voit sur cette épouvantable photographie de 1964.
Mais quand on va à Strasbourg ou à Rouen, par exemple, les parvis sont bien plus petites et les cathédrales mieux imbriquées dans la ville. Ce qui fait que lorsqu’on découvre au détour d’une ruelle le gigantisme et la splendeur des cathédrales de ces villes, on est vraiment saisi ! Rien de religieux (en tout cas pas pour moi) mais l’impression puissante de partager cette émotion avec tous les voyageurs qui se sont promenés là depuis plus de 800 ans ! Sur l’Ile de la Cité, devant ce trop grand espace rectangulaire, on n’a pas cette impression là.
Et voici que je lis que je suis loin d’être la seule à trouver l’esplanade de la Cité décevante ; le sujet est même ancien et bigrement conflictuel. Ce serait l’impératrice Eugénie, la femme de Napoléon III (pour réviser votre histoire du 19ème siècle, rien de mieux que cette petite frise bien utile glissée dans cet article), qui imposa ce grand espace, qui fut critiqué dès sa conception. Voici un lien vers un article, très intéressant et complet, de Bernard Hasquenoph sur le sujet.
Et pour savoir à quoi ressemblera prochainement la nouvelle esplanade, je vous renvoie à la communication officielle de la Mairie de Paris. On a hâte de voir ça : https://www.paris.fr/pages/les-abords-de-notre-dame-vont-faire-peau-neuve-17332
Crédits photographiques : Détail du Plan de Girard de 1840 – Détail d’un plan récent de l’IGN – L’ancien Hotel-Dieu, photographie de Marville 1867 – photographie de Hôtel-Dieu, Wikipedia cc-by Mbzt – Photographie du parvis, Wikipedia cc-by JPRoche – Cliché de 1964 de (?) rephotographié par moi dans l’excellent musée de la Crypte archéologique