Le mur des Fermiers Généraux

On commence à s’en rendre compte, Les Mystères de Paris est très ancré dans Paris, proposant de nombreuses adresses précises à ses personnages fictifs. Cela permit sans doute à son auteur de créer un effet de réel pour ses lecteurs contemporains… et, pour nous, 182 ans plus tard, de proposer beaucoup de sujets passionnants sur le Paris de l’époque.

Revenons aux épisodes 3 et 4 (puis épisodes 14, 26, 39) pour explorer dans cet article et les deux suivants les frontières de la ville. En effet, malgré son nom, Les Mystères de Paris se passe régulièrement à l’extérieur de Paris (comme on le verra dans l’article sur la banlieue) et il est souvent question des “barrières” de la ville : les personnages les utilisent pour entrer ou sortir de la ville, pour se donner rendez-vous, ou pour se retrouver tragiquement une dernière fois près de la guillotine (dernier article, également, de ce site), porte Saint-Jacques.

Ces fameuses barrières étaient les portes de Paris. Contrairement à aujourd’hui (où on arrive à Paris par la porte d’Orléans ou de Clignancourt, etc., espaces ouverts qui n’ont rien à voir avec des portes), ces barrières, ces portes donc, (étaient matérialisées par de réelles grilles qui perçaient un long mur de 4 mètres de haut qui faisait le tour de Paris. Il y en avait plus de 50.

Autour de chacune de ces barrières en ferronnerie, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) avait conçu également 47 bâtiments administratifs de très belle facture, tous différents. Ces bâtiments abritaient le personnel administratif qui collectait “l’octroi”, une sorte de taxe douanière sur les marchandises qui entraient dans Paris.

On trouve encore des pavillons d’octroi dans plusieurs villes de France (je pense à celui de Strasbourg, près du siège d’Arte). A Paris, on le verra, il ne reste que quatre pavillons Ledoux. Le mur a été entièrement détruit.

Il s’appelait le “Mur des Fermiers généraux”. D’une longueur de 25 kilomètres, il englobait une partie nettement plus petite que le Paris d’aujourd’hui, correspondant, en gros, à la superficie des 12 premiers arrondissements.

Construit avant la Révolution, il était fort peu apprécié des parisiens. On dit que Beaumarchais écrivit à son propos : “Le mur murant Paris rend Paris murmurant”. En 1860, la muraille, les grilles, ainsi que les bâtiments d’octroi furent détruits très vite quand Paris s’agrandit et passa aux 20 arrondissements que nous lui connaissons aujourd’hui.

Puis, comme l’indique le schéma ci-dessous, trouvé sur l’incontournable Wikipedia, Paris sera délimité par l’enceinte de Thiers, appelée aussi les “Fortifications” (ou les “Fortifs”) et l’octroi collecté désormais à ses portes.

Cette enceinte de Thiers (on trouve des infos intéressantes ici, sur le site de la ville de Paris) avait été construite entre 1840 à 1844 en vue de la défense militaire de la ville. Inutile en raison des armes de longue portée de la guerre 14-18 (et déjà en 1870), elle fut détruite progressivement jusqu’en 1929. Il ne reste que quelques rares vestiges le long des boulevards des Maréchaux (tracés à peu près à l’emplacement de cette enceinte).

Quant à l’octroi, c’est seulement en 1943 que cet impôt disparut officiellement.

Désormais, c’est le Périphérique, construit à partir de 1960, qui coupe physiquement Paris de sa banlieue. Sa couverture, dans certains quartiers, permettrait d’envisager désormais un Grand Paris qui engloberait les communes alentours.

Je recommande cet article de la BNF très intéressant sur l’octroi de Paris. Et on trouve dans un autre article de Wikipedia, la liste des barrières d’octroi.

Ci-dessous, voici une formidable photo de la Barrière Montmartre dont je ne parviens plus à retrouver la provenance (peut-être sur la page FB de John d’Orbigny). Cette photo m’émeut d’autant plus que j’ai habité longtemps près de cet endroit. Il s’agit de la Place Pigalle aujourd’hui, avant la fontaine, avant les immeubles du boulevard Rochechouart. On voit la rue Houdon qui monte vers les Abbesses. Le pavillon Ledoux est ici assez modeste. A l’arrière, il doit s’agir de l’Ermitage-Montmartre dont nous allons parler maintenant.

Rendez-vous donc au picto n°14 ou cliquez ci-dessous sur « Suivant » pour la suite des infos à propos du Mur des Fermiers Généraux.

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