Le mur des Fermiers Généraux

Les Mystères de Paris sont très ancrés dans Paris, proposant de nombreuses adresses précises à ses personnages fictifs, ce qui permit à l’auteur de créer un effet de réel pour ses lecteurs contemporains… et nous donne, 182 ans après, beaucoup de sujets intéressants (enfin, je crois !).

Oups, retour en arrière : Revenons aux épisodes 3, 4, 14… pour explorer, dans ces 3 prochains articles, les frontières de la ville.

Malgré leur nom, Les Mystères de Paris se passent régulièrement à l’extérieur de Paris comme on le verra dans l’article sur la banlieue et il est souvent question aussi des “barrières” de la ville. (27 occurrences du terme dans le livre) : les personnages les utilisent pour entrer ou sortir de la ville, pour se donner rendez-vous, et dans une scène de la fin du livre.

Ces fameuses barrières étaient les portes de Paris.

Contrairement à aujourd’hui (où on arrive à Paris par la porte d’Orléans ou de Clignancourt… qui sont ouvertes), ces portes étaient de réelles barrières, des grilles en ferronnerie dans un long mur de 4 mètres de haut qui faisait le tour de Paris. Il y en avait plus de 50.

Autour de chaque porte/barrière, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux avait construit 47 bâtiments administratifs de très belle facture, tous différents, dans lesquels se tenaient les bureaux de la douane. Ces bâtiments abritaient le personnel administratif qui collectait “l’octroi”, une taxe sur les marchandises qui entraient dans Paris.

On trouve encore des pavillons d’octroi dans plusieurs villes de France (je pense à celui de Strasbourg, près du siège d’Arte) et, nous le verrons, il reste quatre pavillons Ledoux dans Paris.

Le mur qui entourait Paris à l’époque des “Mystères de Paris” s’appelait le “Mur des Fermiers généraux”. D’une longueur de 25 kilomètres, il englobait une partie nettement plus petite que le Paris d’aujourd’hui, correspondant, en gros, à la superficie des 12 premiers arrondissements.

Construit avant la Révolution, il était fort peu apprécié des parisiens. (Beaumarchais écrivit à son propos : “Le mur murant Paris rend Paris murmurant”). En 1860, la muraille ainsi que les bâtiments d’octroi furent détruits très vite quand Paris s’agrandit et passa aux 20 arrondissements que nous lui connaissons aujourd’hui.

Puis, comme l’indique le schéma ci-dessous, trouvé sur l’incontournable Wikipedia, Paris sera délimité par l’enceinte de Thiers, appelée aussi les “Fortifications” (ou les “Fortifs”) et l’octroi collecté désormais à ses portes.

Cette enceinte de Thiers avait été construite entre 1840 à 1844 en vue de la défense militaire de la ville. Inutile en raison des armes de longue portée de la guerre 14-18 (et déjà en 1870), elle fut détruite progressivement jusqu’en 1929. Il en reste, là aussi, quelques rares vestiges le long des boulevards des Maréchaux (tracés à l’emplacement de cette enceinte).

Quant à l’octroi, c’est seulement en 1943 que cet impôt disparut officiellement.

Désormais, c’est le Périphérique, construit à partir de 1960, qui coupe physiquement Paris de sa banlieue. Sa couverture dans certains quartiers permettrait d’envisager désormais un Grand Paris qui engloberait les communes alentours.

On trouvera aussi ici un article de la BNF très intéressant sur l’octroi de Paris. Et dans un autre article de Wikipedia, la liste des barrières d’octroi.

Ci-dessous, voici une formidable photo de la Barrière Montmartre dont je ne parviens plus à retrouver la provenance (peut-être sur la passionnante page FB de John d’Orbigny). Cette photo m’émeut d’autant plus que j’ai habité longtemps près de cet endroit. Il s’agit de la Place Pigalle aujourd’hui, avant la fontaine, avant les immeubles du boulevard Rochechouart. On voit la rue Houdon qui monte vers les Abbesses. Le pavillon Ledoux est ici assez modeste. A l’arrière, il doit s’agir de l’Ermitage-Montmartre dont nous allons parler très vite.

Et maintenant, rendez-vous Picto n°14 ou ci-dessous « Suivant » pour la suite du Mur des Fermiers Généraux.

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